FÊTE DE LA
SAINT-PATRICK

 

PETITE HISTOIRE DES
IRLANDAIS DANS LE
HAUT-RICHELIEU

Le territoire de Sainte-Brigide-d'Iberville faisait partie de la seigneurie de Monnoir, concédée à Claude de Ramezay. En 1795, cette seigneurie est vendue à Sir John Johnson, un loyaliste ayant immigré au Canada après la guerre d'Indépendance américaine. L’histoire de la municipalité débute véritablement sous son autorité, puisque la tradition lui attribue le titre de fondateur de Sainte-Brigide-d'Iberville.

Les premiers colons à s'installer sur le territoire sont des Européens anglophones et catholiques, notamment les familles Murray et Maguire, venues d'Irlande. Sir John Johnson, ancien commandant du King's Royal Regiment pendant la guerre d'Indépendance américaine, décide de peupler sa nouvelle seigneurie avec des colons partageant sa langue et sa religion, attirant ainsi des loyalistes et des protestants d'Angleterre, d'Écosse, des États-Unis et des Cantons-de-l'Est. Ces premiers habitants du territoire ont tous un lien commun: la langue anglaise.

La réinstallation des loyalistes s'est faite aux frais du gouvernement britannique, motivée à la fois par des considérations humanitaires et par le désir d'accroître la population de l'Amérique du Nord britannique pour renforcer ses capacités défensives face aux ambitions expansionnistes des Américains.

L’arrivée d’Irlandais catholiques dans la seigneurie de Monnoir s’intensifie dans les années 1820, créant une communauté de plus en plus importante. Vers 1830, les premiers francophones s’installent dans la région, entraînant un déplacement progressif des anglophones vers Farnham.

En 1840, les habitants de la rivière du Sud-Ouest, sous l'impulsion des Irlandais catholiques, adressent une requête à l'évêque de Montréal pour la création d'une paroisse et la construction d’une église. La première chapelle est construite en 1842, et le prône y est fait en anglais et en français jusqu'en 1905. Le 23 mars 1846, Mgr Ignace Bourget, archevêque de Montréal, signe le décret d'érection canonique de la nouvelle paroisse, dédiée à sainte Brigide, une sainte irlandaise amie de saint Patrick.

En 1851, environ 200 colons nés en Irlande vivent à Sainte-Brigide-d'Iberville, témoignant de la forte présence irlandaise dans la région. Les terres attribuées à ces colons sont connues sous le nom de « rang des Irlandais ». Les Irlandais catholiques établis le long de la rivière du Sud-Ouest forment une communauté prospère, contribuant activement au développement agricole et économique de la région.

La présence d’Irlandais protestants est également notable dans la région. Près d’Henryville, dans la seigneurie de Sabrevois, ainsi que dans la seigneurie de Saint-Athanase, on retrouve une population protestante irlandaise importante, signe de l’attrait qu’exerçait la région sur ces nouveaux arrivants. En tout, environ 900 colons nés en Irlande vivaient alors dans la haute vallée du Richelieu.

Les deux premières écoles de la paroisse Sainte-Brigide sont fondées par la communauté anglophone : une école protestante en 1822 et une école catholique en 1829. Cependant, la francisation de la région progresse avec le temps, et en 1913, le conseil municipal décide que tous les avis publics seront désormais rédigés uniquement en français.

Depuis les années 1960 et 1970, la région attire de nouveaux arrivants venus des Pays-Bas, de Suisse et de Belgique, qui s’établissent à Sainte-Brigide pour se consacrer à l’agriculture.

L’héritage irlandais demeure bien vivant à Sainte-Brigide-d'Iberville. Les armoiries de la municipalité arborent le chardon et les trois feuilles de trèfle, symboles de l'Écosse et de l'Irlande, en hommage aux deux peuples fondateurs de la région.

Sources :

Municipalité de Sainte-Brigide d’Iberville

Musée du Haut-Richelieu

Société du patrimoine de Sainte-Brigide

Campey, Lucille H. (2024). Les pionniers irlandais du Québec et de l’Ontario : fermiers, ouvriers et bûcherons (Annie Bergeron, Trad.). Québec : Les éditions du Septentrion.


Allocution prononcée le 17 mars 2021 devant la Chambre des communes (en virtuel)