Célébrée pour la première fois à titre de fête nationale en 1834, la Saint-Jean-Baptiste était déjà, depuis l’époque de la Nouvelle-France, une tradition populaire bien ancrée chez nous. Depuis la Conquête anglaise de 1760, elle avait d’ailleurs pris graduellement l’allure d’une fête propre aux habitants des rives du Saint-Laurent.
Les premières fêtes nationales s’inscrivent dans un contexte de conflit politique majeur entre "français", majoritaires, mais fils des conquis et "anglais", minoritaires, mais fils des conquérants. Pourtant, la jeune tradition de fêter la Saint-Jean en tant que fête nationale se maintient. La signification de l'événement va cependant changer. Alors qu’elle appuyait auparavant un nationalisme actif et politique, la Saint-Jean va devenir la célébration de la survivance canadienne-française. La survivance centrée sur la conservation de la langue et de la foi.
Les Québécois, mis en minorité dans un nouveau Canada-Uni puis une Confédération canadienne, n’osent plus rêver d'autonomie comme en 1834. Et, à cause de la forte émigration de cette époque vers l’Ouest et les États-Unis, la Saint-Jean devient, à la fin des années 1800, la fête de la nation canadienne-française partout présente en Amérique du Nord...mais partout minoritaire et sans pouvoir.